lundi 28 juillet 2014

La dialectique peut-elle casser des briques ? [SCRIPT INTEGRAL]

Cette page contient la première retranscription intégrale du script du film de René Viénet La dialectique peut-elle casser des briques ? Etant donné l'intérêt de ce film culte pour le militant quelque peu gauchisant et l'absence d'un travail analogue à celui qui a été accompli pour d'autres classiques du détournement, nous nous sommes résolus à rendre disponible pour la postérité ce document en accès libre comme l'est déjà depuis un certain temps le film lui-même.

La dialectique peut-elle casser des briques ? Bonne question. Mais le simple fait de la poser en ces termes dénote un aspect terriblement passéiste. En 1973, le gauchisme soixante-huitard tel qu’on le connaît est déjà à l’agonie : la période faste du capitalisme monopoliste d’État est à l’agonie, le chômage augmente dans des proportions inédites, l’aspect technocratique du gouvernement s’accentue, poussant les vieux cadres gaullistes vers la sortie. Les revendications libertaires et anticapitalistes de l’époque précédentes deviennent immédiatement désuètes. Les situationnistes, séides de Guy Debord, sont en perdition, tout comme les maoïstes de la Gauche prolétarienne ou les trotskystes de la Ligue communiste. C’est dans ce contexte qu’il faut replacer La dialectique peut-elle casser des briques ?, « premier film entièrement détourné de l’histoire du cinéma ». Alliant principe relativement neuf, issu des postulats de la Société du spectacle de Guy Debord, à savoir porter l’accent sur la subversion des media de masse, et décalage avec le contexte historique, déjà défavorable à de telles initiatives, ce film marque de plus d’une manière la fin d’une époque, ce qui explique sans doute l’aigreur qui s’en dégage. On peut l’appréhender comme l’épitaphe de l’Internationale Situationniste, dissoute quelques mois avant sa publication. Pamphlet virulent et acide dirigé contre le bloc soviétique et ses alliés français, l’œuvre mêle références obscures et plaisanteries stupides, le tout professé avec un sérieux assez stupéfiant. Références datées, citations de Hegel, blagues pédophiles, répliques potaches, dialogues incongrus, ce film a pavé la voie à d’autres œuvres devenues cultes (La classe américaine, pour le dire vite), mais dont le contenu était déjà beaucoup moins fortement politisé. Comparé au très populaire film d'Hazanavicius, le détournement de Viénet ne peut apparaître que comme une œuvre d'une extrême érudition dont le contenu n'est accessible qu'aux révolutionnaires les plus acharnés.
Mais il faut se garder de considérer La dialectique comme un simple document historique à ranger dans les bibliothèques des organisations politiques locales ; la position politique qui s'exprime avec une certaine dose d'autodérision dans cette œuvre pourrait en effet être vue comme l'exemple de la gauche la plus extrême et la plus radicale qu'on pourrait s'imaginer. Les références à l'anarchisme y sont extrêmement nombreuses, et à un anarchisme très radical et très « pratique », celui des illégalistes et des sectateurs de la « propagande par le fait » tel Ravachol qui ont droit à une longue séquence d'hommages. Cette tendance pratique se confirme aussi par la forte indulgence globale à l'égard du maoïsme : en laissant de côté les anathèmes lancés à des journalistes critiques de la Révolution culturelle, le cadre même du film pourrait être vu comme une forme de révérence à l'égard de cette Chine qui a longtemps soulevé les espoirs des révolutionnaires déçus par le stalinisme. L'individualisme radical et hédoniste revendiqué par les « situs » et la critique constante des appareils bureaucratiques complètent le cadre de cette nouvelle gauche post-68, plus occupée à attaquer les organisations de gauche existantes qu'à travailler concrètement pour la révolution contre le vrai ennemi capitaliste (entendre « militant » comme une insulte pourrait en faire crisser plus d'un même de nos jours) et qui fait de la déconstruction méthodique de l'existant la condition suffisante pour faire émerger le mouvement révolutionnaire. Ainsi on ne peut que constater l'ironie du narrateur à la fin qui nous dit que l'on assiste là à un « aspect partiel de la lutte finale », alors que pendant 90 minutes on n'aura vu rien d'autre qu'une lutte entre gauches, comme si le reste n'avait point d'existence ou d'importance... Quoi qu'il en soit, que l'on adhère ou non à ses positions, l'opus garde finalement toute son actualité pour notre époque aussi bien que pour toute époque future où il y aura des militants de gauche (que l'on espère évidemment toujours nombreux) ; et même sans cela, ses répliques cultes suffisent à lui faire passer l'épreuve du temps.

Quelques mots enfin sur notre retranscription. En l'absence d'une liste de rôles officielle, nous désignons globalement chaque personnage le nom par lequel il est appelé dans le film là où c'était possible et nous avons dû opérer des choix pour le reste. On a décidé d'utiliser le mot « ouvrier » à la place de « prolétaire » qui aurait été le terme correct de façon à pouvoir employer le mot au féminin sur les quelques scènes où cela était nécessaire. Faute de mieux, on a gardé le mot pas vraiment terrible de « prolote » pour le principal personnage féminin afin de le distinguer des autres femmes prolétaires. Des notes de contextualisation entre parenthèses ont été ajoutées ci et là dans le but de rendre la lecture plus compréhensible même sans avoir vu le film. Enfin, le film contient un grand nombre de microréférences à des noms, des écrits ou des événements qui paraissaient peut-être évidents pour la culture militante de l'époque mais qui ne le sauraient plus être aujourd'hui fût-il pour les plus cultivés ; pour cette raison nous avons ajouté des liens vers des pages pouvant permettre d'identifier de quoi il s'agit, sauf pour des noms comme ceux de Marx ou de Bakounine qui n'ont pas besoin de présentation. Pour ceux dont l'érudition dépasse celle de l'entendement moyen, une version PDF téléchargeable du script est mise à disposition (lien juste en-dessous de la vidéo).

Antoine et Nebëhr

*    *    *




LA DIALECTIQUE PEUT-ELLE CASSER DES BRIQUES ?
(Retranscription par Antoine, Nebëhr et radtransf)

Voix off : Le premier film entièrement détourné de l’histoire du cinéma : La dialectique peut-elle casser des briques ? Un toast aux exploités pour l’extermination des exploiteurs. Une épitaphe pour quelques copains. Un film produit par le ci-dessus qui naturellement ignore ce que l’on a fait de son film. Qu’on se le dise : tous les films peuvent être détournés : tous les navets, les Varda, les Pasolini, les Caillac, les Godard, les Bergman, mais aussi les bons westerns spaghetti et tous les films publicitaires.
Voix off : Il a l’air con, c’est vrai. Mais c’est pas de sa faute, c’est celle du producteur. Il est aliéné, il le sait. Il n’a aucun contrôle sur l’emploi de sa vie. Bref, c’est un prolétaire. Mais ça va changer. Et pas en votant pour le Programme commun ou en adhérant au PSU.
Voix off : La dialectique peut-elle casser des briques ? Version française de 1973 par l’Association pour le développement des luttes de classes et la propagation du matérialisme dialectique.

Voix off : Par un petit matin frisquet, dans un pays où l’idéologie est particulièrement froide…
(Bruits d’entraînement)
Maître ouvrier : J’aimerais que vous vous souveniez que mon professeur de karaté est mort d’une balle dans la tête. Oui. DANS LA TÊTE !
(Bruits d’entraînement)
Maître ouvrier : Sans temps morts !
Gamin : Sans entraves !
Maître ouvrier : Sans entraves. Tu connais le mot de passe.
Gamin : Sans temps morts.
(Bruits d’entraînement)

Ouvrier : Les bureaucrates arrivent !
Ouvriers : (Les bureaucrates… Les bureaucrates…)
Voix off : Imbécile portant un sac de pétitions. Porteur de pétitions justement piétiné par les serviteurs de l’État.
(Les bureaucrates rient)
Voix off : Jeune prolétaire vu à travers des bambous en premier plan.
Chef bureaucrate : Oooh haha ! Oh, hé ! (Rires) Alors, le travail, c’est la liberté, hein ? Hahaha !
(Les bureaucrates rient)

Dialecticien : Les bureaucrates viennent de faire ça. Qu’est-ce que ça veut dire ? Tu ne réponds pas, pourquoi ? Pourquoi, t’as peur ? Hé bien explique-moi.
Ouvrière : Ca, ça veut dire qu’ils vont encore boire la sueur des prolétaires jusqu’à la lie et envoyer nos enfants à l’école. Y’en a ras le bol de ces charognes. Les bureaucrates commencent par nous exploiter, et ils finissent par nous aliéner. « Servir le peuple », ils appellent ça.
Dialecticien : Hm. Te fais pas de mouron, le film ne fait que commencer.
Ouvrière : Ils m’ont fait des propositions, mais c’est toujours l’amélioration dans la misère ou la misère qu’ils améliorent.

Gamine : Camarade !
Gamine : Écoute-moi, camarade ! Les bureaucrates ont choisi ta maison !
Ouvrier : Bien sûr. Pour boire ma sueur.
Gamine : Et c’est pas fini, il faut que tu ailles au chagrin, les exploiteurs, et il va encore falloir que tu leur exhibe ta productivité.
Ouvrier : Horreur !
Ouvriers : Camarade !
Ouvrière : Tu en es bien sûre ?
Gamine : Oui, tu sais je commence à bien reconnaître un exploiteur d’un exploité. Depuis le temps que ça dure, on sait comment ça se passe.
Ouvrier : Alors, à quoi ça nous sert d’avoir lu Marx et Lautréamont ? Déjacque et Cœurderoy ? Bakounine et Fourier ?
Maître ouvrier : Notre tactique doit se fonder indissolublement sur la pratique de réalisation individuelle.

Ouvrière : Qu’est-ce que tu fais dans le coin ?
Dialecticien : J’attends le matin du Grand soir. Mais surtout le Grand soir. Pour prendre du plaisir à leur griller les poils sous les bras. Pour pendre les propriétaires et couper les curés en deux, je vais aiguiser ma dialectique sur des situations bandantes !
Ouvrière : As-tu résolu la question de l’organisation ?
Dialecticien : Après, les conseils ouvriers seront réalisés dans l’autogestion généralisée.
Ouvrière : Mais alors, qu’est-ce qu’on peut faire avant ça ?
Dialecticien : Hé bien, trouver quelque chose qui y ressemble. On ne combat pas l’aliénation par des moyens aliénés. T’en fais pas, ça ira.

Gamine : Les bureaucrates arrivent !
Ouvrier : Vite, au travail !
Chef bureaucrate : Ainsi, on exerce son matérialisme dialectique, et pourquoi pas, sa subjectivité radicale
Maître ouvrier : Ca pourra toujours servir.
Chef bureaucrate : Pas pour des grèves sauvages. Pas pour les occupations d’usines, j’espère. Ni pour les incendies des services. (Rires) Ni pour le pillage des grandes surfaces. Le travail, voilà votre seul rôle. Travail, famille, patrie, travail, famille, patrie. Ne sortez pas de là. (Rires) Je ne veux plus entendre parler de lutte de classe ! Sinon je vous envoie mes sociologues ! Et, s’il le faut, mes psychiatres, mes urbanistes, mes architectes, mes Foucault, mes Lacan… Et si cela ne vous suffit pas, je vous envoie même un structuraliste.
(Les bureaucrates rient)
Ouvrier : Bureaucrate ! Y’en a marre ! Je vais quand même pas me crever au chagrin toute ma vie !
Chef bureaucrate : Mmmh ! Tu peux en toucher un mot à ton syndicat-ha ! Ou bien lis le Nouvel Observateur ?
Ouvrier : Tu me prends pas un peu pour un con ?
Chef bureaucrate : Mmmh ! Tant que ça peut durer !
Gamin : Camarade ! Camarade ! Camarade ! Lâchez-moi ! Laissez-moi le soigner !
(Les bureaucrates rient)
Chef bureaucrate : A propos, j’y pense : ce n’est pas la première fois que ça arrive. On vous a déjà eu sans faire de prisonniers en Catalogne en ’37 (rires), et puis dans les rues de Budapest en ’56 (rires). A la prochaine fois !
Ouvriers : Bureaucrate ! On n’est pas des militants ! On ne se laissera plus jamais faire ! L’arme de la critique !
Chef bureaucrate : Oui je sais. Il n’est rien sans la critique… Par les armes. A toi.
(Cris et bruits de combat)
Bureaucrate : Aaahh !
Chef bureaucrate : Tuez-le !
Bureaucrates : Bien patron.
(Cris et bruits de combat)
Voix off : Et voilà comment la subjectivité radicale peut devenir une force pratique.
Chef bureaucrate : On vous écrasera ! Tuez-le ! Écrase-le !
Maître ouvrier : Joli ! Allez on s’en va !
Ouvriers : Non !
Maître ouvrier : Je suis sûr qu’il a vu Themroc. Allez.
Ouvrier : Themroc ? Ah oui, cette excellente production filmanthrope. Il devait être à Kronstadt.
Maître ouvrier : Contre Trotski, et certainement en Ukraine avec Makhno. Ou encore avec Pancho Villa au Mexique, et puis il a sans doute lu tous les Classiques de la subversion édités par Champ libre.
Ouvrier : Qu’on peut chouraver dans toutes les bonnes librairies.

Ouvrier : Les salauds !
Maître ouvrier : « Certains disent en parlant de révolution que… »
Ouvrier : Sornettes ! Sornettes trotskoïdes !
Ouvriers : Oui c’est vrai !
Ouvrier : Et tout ça c’est pour mieux nous entuber.
Maître ouvrier : Voilà bien le point important. Camarades, que dites-vous de cette sottise ? Et toi, camarade, dis-nous un peu ?
Prolote : Oui, cette connerie a son origine dans le léninisme stupide et obtus de Trotski. Mais ne soyons pas trop cruels pour le grand-père de la bureaucratie. C’est tellement archaïque.
Maître ouvrier : Oui, très archaïque. C’est pour quand l’éruption de la fin, la raison dialectique tonne dans son cratère ?
Ouvrier 1 : Oui, enfin, il est temps de pendre les propriétaires !
Ouvrier 2 : Sans oublier de couper les curés en deux !
Maître ouvrier : Ni de foutre toutes les églises par terre, comme préconisait le camarade Ravachol. Maintenant, c’est pas le tout, mais il faut gagner !
Ouvriers : Hourra !
Maître ouvrier : Tout ça pour dire, camarades, que : « la Commune est pas moooooooooorte ! »

Camarade secrétaire : L’idéologie se renforce en s’atomisant. La théorie révolutionnaire se transforme. Il paraît que leur dernière trouvaille est de détourner les mass media. Ces détournements m’inquiètent.
Chef bureaucrate : Ca mon vieux, c’est le début de la fin. Ce qui m’inquiète le plus dans cette pratique, c’est qu’ils sont bien capables de faire des copeaux avec notre langage de bois, et même de la sciure de bois.
Camarade secrétaire : Faut faire attention. Que faire ? comme disait…
Chef bureaucrate : Lénine.
Camarade secrétaire : Oui, Lénine. On a beau être la classe dominante, on est souvent dans la merde. Ta gueule. Tout dans la gueule. Plus on leur raconte des histoires, plus on les habitue à notre gueule. Haha ! On a résolu pas mal de contradictions propres au capitalisme d’État, mais pas celles qui risquent de nous balayer. (Rires) On a beau avoir notre gros cul dans l’eau tiède, notre idéologie refroidit. Cours en parler à K.S. Karol, et à ce con de Jean Daniel. Ces cons qui observent et ne voient rien !
Chef bureaucrate : Ces cons. J’y vais tout de suite.
Camarade secrétaire : Allez, à la sucette !
(Rires)

Ouvrier 1 : Ils ont encore aliéné un prolétaire.
Ouvrier 2 : RAAAAAH !
Dialecticien : Encore un de perdu. Qu’est-ce que c’est ?
Ouvrier 1 : Il est devenu responsable syndical.
Ouvrier 2 : Et il a aussitôt réprimé une grève sauvage avant de s’acheter une télévision à crédit.
Prolote : Oh, que c’est triste, quel salop. Si on leur grillait le poil sous les bras ?
Ouvrier 2 : Et si on préparait à petit feu nos marmites pour la fête du Matin du Grand soir ?
Gamin : Et puis on se ferait la main sur les curés.
Ouvrier 3 : Alerte ! Les bureaucrates arrivent dans nos quartiers !
Ouvrier 4 : Mort à la charogne !
Ouvrier 3 : Aaah !
Chef bureaucrate : (Rires) Haaa !
Chef bureaucrate : Pas de quartier, comme à Budapest. Mort aux prolos !
Bureaucrate : A mort ! Vive Moscou, vive Staline !
Chef bureaucrate : Crève salope !
(Cris et bruits de combat)
Chef bureaucrate : Salut, prolo ! Héhé… J’ai une proposition qui ne devrait pas te déplaire.
Dialecticien : Garde tes mains pour pisser !
Chef bureaucrate : Mais non, tu dois accepter : une promotion sociale. Les filles et l’bon vin.
Gamin : Mon copain ne sera jamais dans le clan des ordures.
Dialecticien : D’acc’. On verra ça demain.
Chef bureaucrate : C’est bien mieux comme ça. C’est bon d’être du bon côté ! T’auras du fric. Les plus beaux petits garçons. Et de l’opium à volonté.
Dialecticien : On verra. Vous avez pas encore compris ?
Chef bureaucrate : Haha !
Ouvrier : Rentrons.
Dialecticien : Ce n’est rien. Marchons un peu.
Gamin : Tiens.
Dialecticien : Ecoute-moi ! Tu ne peux donc comprendre ?
Gamin : Non. Va donc te faire guillocher l’oignon chez tes nouveaux amis. Espèce de saloperie. Barrons-nous.

Maître ouvrier : Et… Il t’a frappé ?
Ouvrier 1 : Ici, ouais. J’ai encore mal.
Ouvrier 2 : On voulait les crever. L’autre il nous a laissé en plan. Hé, les copains, un peu de dialectique.
Maître ouvrier : C’est la seule façon de casser des briques, camarades. Ne désespérons pas des autres prolétaires. Et anéantissons à jamais ce qui peut un jour détruire notre ouvrage.
Ouvrier 3 : Et que faire de celui-là ? Demain il sera cadre syndical.
Ouvrier 2 : Il faut radicaliser nos pratiques, les occupations d’usine.
Ouvrier 3 : C’est pas mal, mais c’est mieux avec séquestrations.
Maître ouvrier : Directeur et cadres dans les placards, d’accord. Mais tout ceci ne fait pas avancer. Il nous faut des qualitatifs.
Ouvrier 3 : Et un journal. Si on occupait un journal ?
Maître ouvrier : Tu veux dire qu’on le sortirait nous-mêmes, pour faire connaître notre force ?
Prolote : Uh…
Maître ouvrier : Qu’as-tu à dire ?
Prolote : Il y a… Il y a aussi la radio. Et la télévision et tous… Tous les centres de communication. Comment peut-on les prendre ?
Ouvrier 3 : Ne le dis pas ici. Soyons discrets, la rousse est dans la salle.
Maître ouvrier : Organisons la révolte quotidienne afin qu’elle ne se perde pas.
Ouvrier 3 : (A la voisine) Allez, viens faire un tour.
(La voisine secoue la tête)

Dialecticien : Qu’est-ce qui va pas ? Tu me fais toujours bander. J’ai pas changé.
Dialecticien : Tu sais, je peux pas t’oublier.
Dialecticien : (En chantant) Nuit de Chine, nuit câline…
Dialecticien : Hé !
Prolote : Assieds-toi.
Prolote : Tu me reconnais, mignon ?
Dialecticien : On a du se voir rue Gay-Lussac. Ca sentait bon, la fleur nouvelle.
Prolote : Tu vas aller chez les bureaucrates demain ?
Dialecticien : Ouais.
Prolote : Tu fais fausse route. Connais-tu la nature de classe du pouvoir ? De la bureaucratie, toutes… Les contradictions du capitalisme ? Ne sous-estime pas l’adversaire.
Dialecticien : Je sais tout ça.
Prolote : Et tu t’y mouilles ?
Dialecticien : Ouais.
Prolote : Tu fais leur jeu. L’entrisme a fait et fera leur jeu. Y’en a marre de l’idéologie marchande. T’es comme les autres… Et nous on crève. On crèvera pas plus longtemps.
Prolote : Tu bandes encore ? Il me reste le vécu de l’amour.
Prolote : Erection, contre le vieux monde qui m’ennuie.
Dialecticien : Dans l’œil, tu t’mets l’doigt dans l’œil.
Prolote : Mets-le-moi ailleurs ?
Dialecticien : Pas aujourd’hui. Peut-être ce soir.
Prolote : T’es plus un homme.
Dialecticien : Ca va pas ?
Dialecticien : Comprends-moi. Comprends-moi.
Prolote : Ah !
Dialecticien : Ecoute un peu. Ne joue pas la conne, t’as aucun pouvoir. Mais ça peut s’améliorer. On va essayer d’agrandir les luttes de classe, d’arranger la paix sociale, qu’il y ait plus d’injustice.
Prolote : Ils nous donneront des miettes, nous voulons tout. Un peu plus de salaire, un peu plus de misère. Qu’ils crèvent !
Dialecticien : Mais sois patiente, je ne suis pas trotskiste. Ai-je l’air d’un salop ? Des mauvaises opinions.
Prolote : Je te crois. Je t’ai vu crever plus d’un curé. Mais on ne peut pas vaincre l’aliénation par des moyens aliénés.

Gamin : Camarade, à quoi penses-tu ?
Ouvrière : A Durruti.
Gamin : Et à l’archevêque qu’il a abattu. Te tracasse pas, il en reste encore, et encore de quoi se marrer.

Maître ouvrier : Les gars, y’a un copain qui manque à l’appel.
Maître ouvrier : Avez-vous vu le camarade Brecht ?

Chef bureaucrate : Ah ! Bienvenu. Le camarade secrétaire t’attend dans le local.
Dialecticien : Tu me plais pas, larbin. Ils ont tous ton air de Péninou là dedans ? Ca doit puer la Sorbonne des mauvais soirs.
Chef bureaucrate : Entre, tu verras.
Bureaucrate : Hé, qu’est-ce que tu glandes dans le coin, hein ? Tu veux une danse, petit con ? Prends ça.
(Bruits de combat)
Chef bureaucrate : Voici le camarade secrétaire. Notre timonier de secours, notre bien-aimé dirigeant !
Dialecticien : Bonjour camarade.
Camarade secrétaire : Salut à toi, reine des salopes. Depuis le début de ce film détourné on me fait dire des conneries… Mais moi aussi je pense que la bureaucratie en fait trop.
Dialecticien : J’ai du mal à croire à ce gros mensonge.
Camarade secrétaire : Pour une fois je suis honnête quand je parle. Et franchement c’est pas du baratin.
Dialecticien : Ha ! La Grande Marche est finie. On est pas à Yenan. Tu ferais bien d’arrêter tes causées sur l’art et la littérature.
Camarade secrétaire : Dialecticien, t’as trop lu, je vois qu’on t’la fait pas.
Dialecticien : A aucun individu conscient tu peux la faire. Tu devrais le savoir.
Camarade secrétaire : Oh, ça va. J’insisterai pas cette fois. Tôt ou tard tu l’auras dans l’os, je te faisais une proposition honnête.

Chef bureaucrate : Laissez-moi.
Bureaucrate 1 : Bien patron.
Bureaucrate 2 : Bien patron.
Bureaucrate 3 : Bien patron.
Gamin : Est-ce que tu vas te barrer pour une fois ?
Gamine : Pourquoi est-ce que t’es méchant ? Sois pas comme ça, qu’est-ce que je t’ai fait à la fin ?
Gamin : T’as encore des illusions sur Castro, t’es une arriérée. Allez, fous-moi le camp.
Dialecticien : Il faut reconnaître que c’est un peu idiot d’avoir encore toutes ces illusions.

Dialecticien : Hé ! Te tracasse pas. Ca lui passera bientôt, va. Elle est castriste, mais c’est parce qu’elle a pas encore lu Reich.
Chef bureaucrate : Eh bien, eh bien. On aime aussi les petits garçons ?
Dialecticien : Exact. Les prolétaires n’ont pas de complexes.
Chef bureaucrate : Tu ne le sais peut-être pas, mais les bureaucrates ne sont pas puritains non plus, en tout cas pas pour les gosses.
Gamin : Ha !
Dialecticien : Les enfants ne sont pas des objets ! En tout cas, pas pour les prolos.
Chef bureaucrate : (Rires)
Dialecticien : Chien de bureaucrate, on vous crèvera tous, pourris, ordures, et plus vite que tu ne le crois.
Chef bureaucrate : Tu sais, à voir un mec comme toi vraiment ça me donne des regrets.
Gamin : Dis-donc, il est vraiment pas bandant cet oiseau. Il nous prend pour des cons.
Dialecticien : Tous les mêmes. Ils croient pouvoir nous bourrer le mou, mais on est des hommes.
Chef bureaucrate : Tu me plais bien, mais je finirai par t’avoir tôt ou tard. (Rires) T’accepteras le jour où je te proposerai une place au Bureau Politique.
(Bruits de combat)
Voix off : Pour cette prise, consultez Enragés et situsdans le mouvement des occupations ; ça se trouve dans l’édition Gallimard, pages 207 et 231.
(Bruits de combat)
Dialecticien : Allez, range donc ton symbole phallique.
Chef bureaucrate : HOUAAA !
Dialecticien : Tu vas encore goûter un peu de mon qualitatif, asexué des bas-quartiers.
Chef bureaucrate : Peuh !

Bureaucrate : AAAH !
(Cris et bruits de combat)
Voix off : Sur ce mur, un slogan vient d’être effacé : « Cours vite, camarade. Le vieux monde est derrière toi. Y compris la Ligue communiste. »
Bureaucrate : Prenez par l’autre rue !
(Bruits de combat)
Gamin : Un prolétaire c’est quelqu’un qui est exploité et qui l’a compris. Le prolétariat ne peut être lui-même le pouvoir qu’en devenant la classe de la conscience. J’ai lu la lettre au Parti communiste polonais de Kuron et Modzelewski. Elle confirme notre critique du mouvement. Evidemment c’est pas mal, mais ça suffit pas.
Dialecticien : Rien ne sert de pleurer. Les mauvais jours finiront, foutredieu.
Gamin : Hm.
Dialecticien : La Commune, Nicolas. La Commune n’est pas morte.

Camarade secrétaire : Et celle-là, bonhomme ? Tu connais pas celle-là ? T’es pas aux cinq parfums.
Ouvrier : Hm ! Ton coup des… Bouteilles cassées… C’est de la petite bière, salope. Il serre un peu sur le crâne d’un individualiste qui en connaît d’autres.
Camarade secrétaire : Héhé…
Ouvrier : L’idéologie ne peut que voler en éclats au contact de la subjectivité radicale.
Camarade secrétaire : Hahaha ! Si t’y arrives, tu seras contremaître.
Ouvrier : Pas question. Je ne serai jamais un petit chef.
(Bruit de lame)
Ouvrier : Aaah !
Camarade secrétaire : Hahaha !
(Cris et bruits de combat)
Ouvrier 2 : T’avais dit que t’utiliserai pas le tranchant !
Camarade secrétaire : (Rires) Ducon. Faut jamais croire à un bureaucrate.
Ouvrier 2 : Misère ! Crever sans voir flamber l’hôtel de ville !
(Cris et bruits de combat)
Camarade secrétaire : Faites gaffe ! Ne les laissez plus lire la réédition de l’IS de chez van Gennep, ni La société du spectacle ni Le traité du savoir-vivre !
Bureaucrates : Vive Léon !

Gamin : Fillette, as-tu lu La philosophie dans le boudoir du divin marquis Donatien Alphonse François de Sade, le camarade de la Section des Piques ?
Gamin : Hé mignonne, c’est pas le pied ?
Prolote : L’édition française est épuisée, épuisée depuis bien longtemps.
Gamin : Mais non, Champ libre va la rééditer dans les Classiques de la subversion.
Prolote : Ta petite camarade s’ennuie. Allez, allez, va la caresser.
Gamin : De tous les côtés. Et pour l’huile de sésame, compte sur moi.
Prolote : Bonne bourre !
(Dans la chambre du prolétaire)
Prolote : Ils parlent de lâcher contre nous…
Dialecticien : Les mass media, je sais. On peut les détourner à notre profit.
Prolote : Alors il faut faire vite.
Dialecticien : Oui.

(Cris et bruits de combat)
Bureaucrate : T’attends (?)
Camarade secrétaire : Tu pourrais t’inscrire au parti pour voir. On te jouerait du luth… de classe et de la viole sans plaisir. Alors ?
Dialecticien : T’as donc rien compris, léniniste à la mords-moi-le-nœud. On va vous foutre des bambous dans le cul avec des fourmis rouges et on brûlera le tout sur la nouvelle Place rouge.
Camarade secrétaire : Tu crois ? Et mon armée ?
Dialecticien : Parlons-en.
(Le camarade secrétaire rit)
Dialecticien : Ta gueule !
(Le camarade secrétaire arrête de rire)
Dialecticien : T’as donc rien lu ? Tes braves généraux seront fusillés par la troupe. L’illusion de ton pouvoir n’est que le pouvoir de ton illusion. On t’fera la peau, fais-moi confiance. Salut.
Camarade secrétaire : Allez !
(Cris et bruits de combat)
Camarade secrétaire : Héhé… Alors, qu’en dis-tu ? Mon pouvoir est une illusion ?
(Bruits de combat)
Camarade secrétaire : Coyotes ! Et l’idéologie ?
Bureaucrate 1 : Y’a pas –
Bureaucrate 2 : De fumée –
Bureaucrate 3 : Sans feu !

Gamin : Hé dialecticien, tu viens pas voir les camarades ?
Dialecticien : Petit gars, je voudrais que tu dises à tous les camarades : ce qui se perd en contestation partielle rejoint la fonction répressive du vieux monde. T’oublieras pas ? Il faudrait aussi une insurrection dans les pays capitalistes. Tous les pouvoirs se renforcent.
Gamin : Il faut donc détruire tous les pouvoirs. Ha ! Ca me rappelle la Première Internationale.

Bureaucrate : Maître, la manif a mal tourné.
Camarade secrétaire : Toujours prêts à tuer du prolo ?
Bureaucrates : Toujours prêts !

Gamin : Bonjour la plus jolie. Ils t’ont laissée toute seule ?
Prolote : Ils sont partis dynamiter quelque chose.
Gamin : Et toi, tu restes là ?
Prolote : Y’avait plus de cigares pour allumer les mèches.
Gamin : Les charognes, ils nous font fumer de la merde.
Prolote : T’inquiète, ça bouge. On leur en fera bouffer.
Gamin : Tu pourrais être avec une copine ou à te masturber. T’es pas manchotte !
Prolote : Je viens de lire Reich, La fonction del’orgasme, dans une version non masperisée.
Gamin : Qu’est-ce que ça veut dire, hein ? Ah oui, je sais : non falsifiée. Critique radicale du geste, allumettes, poésie des écoles ! A bas les masperisateurs, à bas les bureaucrates !
Gamin : Tu promets.

Chef bureaucrate : Fouillez partout !
Bureaucrate : Très bien.
Camarade secrétaire : Héhéhé… Jolie fille ! Héhé haha… Mmmh… Héhéhé… Hmmm mmmh… Hahaha…
Prolote : Ha !
Camarade secrétaire : Aaaaahhh !
(Bruits de combat)
Camarade secrétaire : Tue-la !
Chef bureaucrate : Tuez-la !
Camarade secrétaire : Ramène-la.
Chef bureaucrate : Aaaah aaaaah !
Camarade secrétaire : Fais semblant !
Chef bureaucrate : Aaaah !
Camarade secrétaire : Il faut que tout le monde le sache, que les bureaucrates en ont !
Camarade secrétaire : Ca ne sera pas le cas… Un mensonge de plus ! Les bureaucrates en ont autant que les autres.
Camarade secrétaire : Ca commence. Ils me liquident mon Premier secrétaire, mais c’est pas les postulants qui manquent.
Bureaucrate : [Ils ont occu]pé une autre usine !
Camarade secrétaire : Crevons-les !

Gamin : Les bureaucrates sont dans la merde, camarade, et ils cherchent à garer leurs tripes. Et Alain Bouc aussi.
Ouvrier : Il fera pas son beurre avec de la pisse d’âne.
Maître ouvrier : Le bon militant est le militant crevé.
Gamin : Ceux qui ne font qu’exterminer les bureaucrates à moitié ne font que se creuser un tombeau. A bas l’État !
Maître ouvrier : A bas tous les États ! Vive la sociale !

Dialecticien : T’as donné le mot de passe ?
Gamin : Comme à Watts, et tout va flamber.
Dialecticien : A force d’en parler le printemps va chauffer. Prêts pour la lutte finale et la fin des aliénations !
Maître ouvrier : Pour une société sans classe et pour venger Makhno et Lumumba !
Ouvrier 1 : Et Duval ! Et les camarades de Canton et de Barcelone !
Ouvrier 2 : Pour venger Bonnot !
Dialecticien : Allons-y !
Gamin : Dites-donc, enfin venger Bonnot !

Voix off 2 : Et voici en première exclusivité mondiale, grâce à la critique radicale, un des aspects de la lutte finale. A ma droite, le prolétariat ; à ma gauche, sa représentation. Ce matin à la pesée à l’Equipe : « Le prolétariat avait le poids historique de sa lutte inachevée, sa représentation le poids mort de l’idéologie ».
Lors des précédentes rencontres, le prolétariat n’ayant pas toujours découvert à temps sa représentation a perdu en Russie et en Allemagne entre autres, où l’on se souvient de ces bons bougres de spartakistes. Il faut dire que les falsificateurs ont chanté le socialisme sur tous les charniers et c’est la pratique de la théorie révolutionnaire qui dénonce la représentation du prolétariat, c’est-à-dire la bureaucratie, comme classe dominante de substitution pour l’économie marchande.
Dans ce sens, il ne s’agit que d’un aspect partiel de la lutte finale ; mais pour les pays qui nous concernent, l’aspect réel et absolu des forces en présence. Le prolétariat est international ou n’est pas.
Pour des raisons de censure bien compréhensibles pour les amis de Charlie Hebdo, le prolétariat n’a pas d’armes. Il va sans dire que dans la réalité il en sera autrement.
Au moment où je vous parle on vient de me signaler divers affrontements dans d’autres pays dits « socialistes » où le prolétariat est en train de noyer l’avant-dernier bureaucrate. Celui-ci devant déclarer avant de mourir : « Mais c’est la bérézina ! » Je viens de dire l’avant-dernier, car à la fin que l’humanité soit heureuse, les tripes du dernier bureaucrate sont réservées – hé oui, vous le savez bien chers amis – pour pendre le dernier capitaliste.
A ce sujet, les nouvelles de Paris, Rome, Tokyo, New York sont fabuleuses. Le vieux monde serait renversé. A la lecture de ses dernières dépêches, il apparaîtrait que le prolétariat se soit reconnu. Mais je m’emballe, je m’emballe : les syndicats ont en effet enrayé provisoirement la victoire révolutionnaire. Il faudra dorénavant compter sur eux pour défendre le vieux monde et ne pas oublier le vieux dicton : « Ceux qui parlent de révolution et de lutte declasses sans se référer explicitement à la vie quotidienne, sans comprendre ce qu’il y a de subversif dans l’amour et de positif dans le refus descontraintes, ceux-là ont dans la bouche un cadavre ».

(Cris et bruits de combat)
Voix off : Une belle pratique. Pour un œil, toute la gueule.
(Cris et bruits de combat)
Voix off : Nous ne donnerons pas de renseignement sur l’art de l’esquive et de la réplique radicale. Tiens, un bureaucrate dans une situation banale. Les copains se reconnaîtront.
(Cris et bruits de combat)
Dialecticien : Je tiens Marchais et Séguy. A toi !
Voix off : Et maintenant, comme un pépé qui roule n’avale pas de mousse…
(Cris et bruits de combat)
Voix off : …Mais se farcit du bureaucrate à coups de boule.
(Bruits de combat)
Voix off : Et maintenant, l’affrontement du beau Jules contre l’affreux jojo. Et là, pas de suspense : tout le monde sait qui va l’emporter, sauf les cons bien sûr. Le blanc contre le rouge : devinez qui va gagner.
Voix off : Dans sa grande série A armes inégales, l’Oiseau de Minerve présente la Dialectique contre le Pouvoir, réduit à quelques images parce que nous ne sommes pas dans la rue.
(Cris et bruits de combat)
Voix off : Tiens, l’idéologie suinte.
(Cris et bruits de combat)
Voix off : Hmm, ça devient enfin sérieux. Quel beau gosse !
Camarade secrétaire : Haaa !
Voix off : Trois p’tits tours, mais l’idéologie est toujours là.
(Bruits de combat)
Voix off : Allez, ça suffit maintenant, faut en finir avec cette charogne.
(Bruits de combat)
Camarade secrétaire : Aaaahh !
Dialecticien : J’en pince pour toi. Je t’ai dans la peau.
(Cris et bruits de combat)

Maître ouvrier : Ah !
Gamin : Ca va pépé ? Et les autres ?
Maître ouvrier : Les autres, ils en ont marre de synchroniser, alors ils font les morts. Il paraît que c’est dur et que ça paie pas le déplacement.
Gamin : Peut-être. Mais les copains sont pas vraiment morts ?
Maître ouvrier : Oh non. Non, j’te dis qu’ils font semblant.
Maître ouvrier : Nestor, réponds-moi, t’es pas mort, dis !
Maître ouvrier : C’était pas un sacrifice… Pour un de nôtres cent des leurs, foutredieu !
Dialecticien : On a eu ceux-là, on aura les autres.
Maître ouvrier : Quelle planète. Personne ne s’en souviendra, on y laissera notre peau. A régler nos affaires nous-mêmes, de Moscou à Tokyo, de Paris à New York, il faudra bien qu’elle saute cette foutue planète. Tous les exploiteurs y passeront, même les réformistes. Mais ce sera pour un prochain film. Détourner un film ne suffit plus. Comment vraiment utiliser le cinéma ? L’oiseau de Minerve nous réserve des surprises à la tombée de la nuit.

Voix off : Cette version détournée a été réalisée avec l’aide de : Raoul Curé, Jacques Thébaut, Michelle Grellier, Dominique Morin, Daniel Galle, Patrick Dewaere, Jean-Pierre Leroux, Yves-Marie Morin, Michel Bardelet, Michel Elias et Dominique Page. Sous la direction de Gérard Cohen.

FIN

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